dimanche 14 janvier 2018

Lettre à ma crevette


Ma Princesse Deuxième chérie

Tu as désormais 6 ans, et la moitié de tes vêtements portent encore des étiquettes 4 ans, si bien qu’on ne sait plus si on doit les mettre dans la commode de ta sœur de 3 ans ou dans la tienne. Soyons clairs : tu n’es pas grande. Je sais de quoi je parle, moi qui suis ravie quand j’ai des classes de 6ème vu que ce sont les seules où il y a encore des élèves plus petits que moi (en septembre ; en juin ils ont pris douze centimètres, et pas moi). Et je ne te parle pas de ces grandes bringues de 3ème qui trouvent hilarant de coller l’effaceur magnétique tout en haut du tableau.

Les gènes qui m’ont péniblement poussée jusqu’à 1m55 ont à peu près épargné tes sœurs, qui restent dans la moyenne, mais tu en as joyeusement hérité. Alors, du haut (ah ah) de mon expérience, voici quelques petites (re-ah ah) choses que j’aimerais que tu saches sur le fait d’être une miniature.

On te trouvera mignonne
Evidemment, tu l’es, mignonne. Adorable, même. Et je ne laisserai jamais personne dire le contraire. Mais tu es belle, aussi. Ça a souvent des avantages, dans la vie, d’être mignonne. En voyant ta bouille, tes grands yeux bleus, les gens fondent. Tu as des chouquettes gratuites à la boulangerie, des cadeaux plein les poches, on te parle gentiment et on te pince les joues tous les vingt mètres (ok, moins sympa). Sauf que c’est tellement agréable qu’on a tendance à ne vouloir être que ça. À en jouer, un peu. Et que le jour où ça finit on se retrouve un peu perdue. (Parce que d’accord, quand on est une crevette ça dure plus longtemps, mais crois-moi, un jour l’adolescence arrive, et la mignonnerie s’en va. C’est juste pas compatible). On ne sait plus trop qui on doit être. Tu es plein d’autres choses que mignonne, n’oublie pas.

Mais j'aime bien les chouquettes...
Les gens te prendront pour une mascotte 
Comme tu es mignonne, une vraie poupée de poche, les gens ont envie de te toucher. T’ébouriffer les cheveux, te porter, t’enlever dans leurs bras par surprise. Je te vois froncer les sourcils, serrer les poings, mais tu ne dis rien. Je sais que ce n’est pas facile, mais tu as le droit de ne pas te laisser faire, et un petit coup de pied pointu dans les côtes, ça peut les aider à comprendre. Tu es une petite fille, pas un doudou.

On te trouvera particulièrement intelligente 
Depuis que tu as environ quatre ans, ça n’arrête pas : « Qu’est-ce qu’elle parle bien ! » C’est pas que tu parlais si bien que ça, c’est que tu avais 4 ans et que les gens t’en donnaient 2. Forcément, il y a un décalage. Evidemment que tu es intelligente, que tu parles bien, et que je suis de toute façon toujours en admiration devant toi. Mais quand les gens s’extasieront parce que tu sais lire ou que tu emploies des mots compliqués, rappelle-toi que l’idée qu’ils se font de toi à première vue n’est pas toujours très juste. Ne te repose pas sur tes lauriers.

On ne te prendra pas au sérieux
On s’extasie devant ton intelligence, c’est vrai, on trouve ça incroyable, les grandes phrases que tu fais, avec du vocabulaire dedans et tout. Et mignonne avec ça. Mais tu apprendras que « Elle est mignonne », c’est pas toujours un compliment. Parfois les gens pensent que parce qu’ils baissent les yeux pour te regarder, ils peuvent te prendre de haut. Ne te laisse pas démonter, plante tes beaux yeux bleus dans les leurs, et continue ce que tu as à faire. Ils finiront par comprendre.



Vous pouvez rigoler, mais il va quand même falloir opérer

On pensera que tu es fragile
Et parfois, tu trouveras ça bien pratique. Je te connais : pour enlever les petites roues, pour essayer le mur d’escalade, le parcours d’accrobranche ou le train fantôme, ça t’arrange bien d’avoir l’air petite. Personne ne va te pousser. C’est vrai quoi, elle est si petite, la pauvre, laissez-la, elle le fera plus tard.
Je ne te laisserai pas faire, et tant que ça se passera sous mes yeux, je te pousserai aux fesses. Ne te planque pas derrière ta frimousse de bébé et lance-toi sur cette tyrolienne, tu verras que l’adrénaline ça vaut le coup !
Bon, après, si tu peux en profiter pour te faire aider parce que vraiment, cette boîte-là elle est trop lourde, je peux comprendre, hein…


Effectivement, tu ne pourras pas attraper ce qui est sur l’étagère du haut.
Et comme c’est là que sont les produits les moins chers, quand tu seras étudiante, tu essaieras de grimper sur les paquets de riz du bas. (Oui, c’est du vécu.) L’avantage, c’est que ça rend très social, que ce soit pour alpaguer le chaland et lui demander de l’aide ou demander au vendeur où se cache ce fichu escabeau. Tu grimperas sur des escabeaux dans plein de magasins différents, et au bout d’un moment, tu ne penseras même plus que tu es ridicule.

Et puis il y a tout de même quelques avantages, le premier étant que tu feras plein d’économies (et tes parents aussi, d’accord).

J’ai réussi à te faire payer moins de trois ans quand tu en avais cinq, et telle que tu me vois, j’ai payé moins de 13 ans à la piscine jusqu’à 19 ans et moins de 18 ans au ciné jusqu’à au moins 26 ans… Tu y repenseras quand on te demandera ta pièce d’identité en boîte au même âge…

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